Sans en avoir ne serait-ce qu'humer le moindre effluve, nous sommes convié·es dans le piège d’Heretic par la synesthésie : celle du désir ardent de planter nos dents dans cette succulente tarte aux myrtilles qui finit, paraît-il, de mitonner au four. À l’image d’un célèbre conte pour enfants, c’est quand par l'odeur alléchée on est attiré, que se dévoile le véritable danger…
C’est dans les pas de deux jeunes missionnaires de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours - des mormones - Soeur Barnes (Sophie Thatcher) et Soeur Paxton (Chloe East) en mission de conversion, que se fera notre rencontre avec le péril à venir. Une fois la grinçante grille qui mène à la bicoque gothique de M. Reed (Hugh Grant) franchie, le train fantôme commence et nous plonge dans une première heure de film très réussie. Atmosphère glaçante et mystérieuse, faux-semblants odorants et réflexions théologiques profondes. L’antre de M. Reed cache un secret enfoui dans les tréfonds de la maison… Dont la révélation en deuxième partie, sans tout gâcher, en dit trop.
Si Sophie Thatcher et Chloe East, sont plus que crédibles dans ce huis-clos diabolique, leurs interprétations ne peuvent qu’être éclipsées par la performance ténébreuse de Hugh Grant qui, de son rôle dans Quatre Mariages et un enterrement, ne semble avoir gardé que la sépulture. Derrière son sourire enjôleur se cache un homme terrifiant et implacable, devenu maître de la manipulation. Capitalisme, jeux de société, textes sacrés sont autant d’arguments pour nous confronter aux croyances enfouies en nous… ou bien sous terre ?
Mais le gimmick humoristique, la sûr-rationalisation des faits, auront tôt fait de nous déconnecter du lien sensible que l’on avait créé avec ce film. Jusqu’à nous faire regretter le doux fumet des myrtilles.
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