Critiques

Islands: Iles flottantes

Jean-François Pluijgers

Moniteur de tennis dans un complexe hôtelier des Canaries, Tom (Sam Riley) partage son temps entre cours et aventures sans lendemain, dérivant dans les brumes alcoolisées d'une gueule de bois perpétuelle. Un ordinaire désabusé que vient bousculer l'arrivée d'un couple de vacanciers britanniques apparemment en bout de course, Anne (Stacy Martin) et Dave (Jack Farthing), accompagnés de leur garçonnet, Anton (Dylan Torrell). Lorsque la jeune femme demande à Tom de donner des leçons particulières à son fils, le trouble s'installe, qu'ils se gardent bien de dissiper, et qui ira crescendo quand la petite famille et le coach décident de faire ensemble une excursion dans l'île...

Inscrit dans le temps suspendu des vacances, Islands dévide son intrigue dans des décors écrasés par un soleil de plomb, le recours au scope accentuant l'isolement des personnages, îles flottant dans une mer de mélancolie. Celui de Tom en particulier - impeccable Sam Riley -, dont les molles aspirations à tromper son ennui et son vide existentiel alimentent les fantasmes, tout en entraînant le film du côté du thriller psychologique à la Patricia Highsmith (on pense, par l'atmosphère, à The Talented Mr. Ripley). Jan-Ole Gerster (Oh Boy) emballe ce monde d'illusions et de faux-semblants avec une discrète maestria, pour signer, tout en ambivalence et en non-dits, un film néo-noir vénéneux à l'âcreté délectable.

Islands

Dans un magnifique centre de villégiature tout compris, les journées de Tom se fondent entre soleil, soirées arrosées et rencontres éphémères, jusqu’à ce qu’une famille réveille un dangereux enchevêtrement de secrets et de tensions. Un thriller psychologique fiévreux de Jan-Ole Gerster qui prouve que même au paradis, rien n’est jamais ce qu’il semble.

Jean-François Pluijgers