Fanny et Lena n’auraient probablement jamais été amies dans d’autres circonstances. La première est Française et brune, timide et renfermée. La seconde est blonde et Allemande, énergique et en colère contre le monde entier. Leur éloignement physique et mental est pourtant ce qui va les rapprocher, dans ce double portrait adolescent signé Claire Burger (C’est ça l’amour).
Tourné entre Strasbourg et Leipzig, Langue Étrangère raconte l’amitié franco-allemande, telle que l’a vécue la réalisatrice, qui a grandi à la frontière des deux pays. Sur le papier, ce n’est peut-être pas le sujet le plus sexy. Mais grâce à ses deux héroïnes aux cultures différentes et aux personnalités contrastées, le film explore ce lien au croisement de la politique, de l’amour, du désir, de la famille… et plus largement raconte l’adolescence comme cet âge de tous les possibles, où changer le monde est encore un rêve tangible.
Si tout n’est pas toujours approfondi, comme l’aspect militant parfois survolé, le film parvient à rendre crédible le lien entre les deux jeunes filles. Au contact de sa correspondante française, Lena s’adoucit, se laisse apprivoiser. De son côté, Fanny est fascinée par l’engagement de Lena. Chacune des deux nous renvoient tour à tour à des aspects de l’ado qu’on a été. Après un premier contact hostile, progressivement les liens se font, et les langues se délient - on pense aux scènes de soirées, sensuelles et bienveillantes, très réussies…
En 2014, Claire Burger signait le très beau Party Girl, un premier long-métrage collectif. On retrouve dans Langue Étrangère la même mise en scène fluide et naturaliste, ainsi que cette envie de raconter le quotidien dans tout ce qu’il a d’unique et de commun. Accompagné par la musique électro enjouée de Rebeka Warrior (Sexy Sushi), Langue Étrangère et son titre malicieusement concupiscent est une tranche de vie banale sublimée par celle(s) dont on tire le portrait.
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