Récit d’une jeune citadine bornéene porteuse de l’héritage de sa jungle natale, Sauvages nous entraîne dans l’univers coloré d’une nature mystérieuse. Hostile au premier abord, celle-ci se révèle dans toute sa beauté et son unicité au gré d’une animation en stop-motion splendide. Kéria, dont le père est employé par l’une des compagnies responsables de la déforestation de l’île, renoue avec ses racines grâce à cousin Selaï, son grand-père et un petit orang-outan orphelin de sa mère tout comme elle.
Tissant - avec son équipe suisso-franco-belge - une fable écologique engagée, Claude Barras s’éloigne de la mélancolie de Ma Vie de Courgette sans pour autant se départir d’une approche précise et honnête de ce sujet éminemment violent qu’est la déforestation subie par l’île. À l’inhumanité des machines et des hommes à la solde du capitalisme, Sauvages oppose la richesse et la magie de la nature, transcendée par l’animation.
Dans cet univers luxuriant, les humains, bien que finement représentés, paraissent ternes en comparaison. Car dès les premiers pas dans cette jungle, la richesse visuelle fascine, avec des marionnettes magnifiques comme cette grenouille, ce calao, ou ce félin sublime et éphémère, créatures animées avec une grande finesse. Attendrissant, l’orang outan Oshi devient bouleversant par l'émotion qu'il dégage grâce aux mains expertes et invisibles qui le manipulent. C'est toute la magie de la nature que l'équipe du film saisit, parachevée par les sons des plantes et animaux endémiques collectés sur place et orchestrés en une partition vivante, ainsi que par les décors somptueux offrant des moments inoubliables, comme cette forêt nocturne qui s’illumine sous les yeux de Kéria, majestueuse et envoûtante.
