Pour Margreth Olin, sa réalisatrice, ce documentaire est autant un retour aux sources qu’un questionnement de son propre mode de vie, en opposition drastique avec celui de ses parents qui n’ont jamais quitté le Nordfjord où elle est née. Si vous vous laissez happer par cette beauté hypnotique en suivant les pas de Jørgen, père de la cinéaste, le film prend rapidement les airs d’une symphonie immémoriale.
Entre ciel, terre et mer, Margreth Olin et son équipe nous emmènent à la découverte de la nature dans toute sa splendeur, au fil des quatre saisons qui découpent le film. Un mouvement lent au creux de glaciers et des cascades, au son des neiges éternelles et des lacs tantôt vibrants, tantôt immobiles. Craquements et grondements des éléments s’alternent avec chants d’oiseaux et bouffées de printemps, alors que des calottes gelées s'échappent la vie liquide en torrents assourdissants. Des visions qui, au-delà des cartes postales, imposent un respect aussi infini que les glaciers survolés par des drones incapables d’en capter l’immensité.
Ces mélodies de la Terre, accompagnées avec élégance par la compositrice Rebekka Karijord, s’harmonisent avec les mélodies des gens qui habitent ces régions depuis des siècles et vivent au rythme des montagnes qui les surplombent. À l’image de cet homme de 84 ans foulant chaque jour les flancs de ces géants de pierre et se reposant sous le sapin gigantesque planté jadis par son grand-père. “Ici, si tu ne marches pas trop vite”, dit le père à sa fille, “tu as le sentiment d’être minuscule dans un monde immense”. Et la réalisatrice de s’effacer dans ce film pour laisser place à ses parents, aimants et heureux autour de leur feu de joie dans un Fjord idyllique qui les a vu grandir, vivre et les verra probablement mourir, mais qui restera lui-même immuable et fascinant.
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