En plus de la domination sans merci du géant Teddy Riner, côté tatami, les Jeux Olympiques de Paris ont été marqués par la défection du judoka algérien Messaoud Redouane Dris alors qu’il devait se confronter à l’Israélien Tohar Butbul. Un athlète qui n’en est pas à son coup d’essai en la matière, puisqu’il avait déjà déclaré forfait aux JO de Tokyo, face au même adversaire. Des retraits répétitifs qui concernent aussi des judokas iraniens qui ont fui les face à face avec les sportifs israéliens.
C’est dans ces récits que Zar Amir Ebrahimi (actrice des Nuits de Mashhad) et Guy Nattiv (Skin, Golda) ont puisé l’essence de leur film Tatami, dévoilé et récompensé à la Mostra de Venise. Cette œuvre organique et haletante nous plonge au cœur des championnats du monde de judo, organisés en Géorgie. Leila (Arienne Mandi), et sa coach Maryam (Zar Amir Ebrahimi) y représentent la République islamique d’Iran et y visent le titre, jusqu’à ce que des intérêts politiques ne viennent remettre leur quête de médaille en question. Doivent-elles alors sacrifier leur rêve ? Ou le poursuivre au risque de sacrifier leurs proches ?
Pas étonnant dès lors, que le personnage de Leila utilise dans son arsenal, la planchette japonaise. Une technique dite de sacrifice (ou Sutemi Waza) qui lui permettra de se défaire d’un combat mal engagé, dans lequel le suspens se fait irrespirable.
Étonnant thriller sportivo-politique, Tatami nous immerge dans la tension étouffante qui s’exprime sans détours au travers d’une technique d’étranglement, dont Leila est victime. Mais aussi, au travers de l’utilisation d’un cadre 4/3 compactant à dessein l’action.
Caméra à l’épaule et images en noir et blanc viennent dépeindre le destin de Leila qui semble plus universel qu’il n’y parait. Comme une voix profonde qui s’élève pour dire stop aux injonctions politiques et absurdes qui caractérisent les régimes autoritaires à travers le monde. Mate !
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