Critiques

The Outrun: Île-solement

Quentin Moyon

The Outrun est un souffle. Celui des bourrasques qui balayent son décor, littéralement “The Outrun” (l’Écart), cette lande de terres côtières à perte de vue, isolée et aride, qui abonde dans l’archipel des Orcades en Écosse. Celui de l’espoir, qui habite cette adaptation du roman d’Amy Liptrot sur grand écran. Celui de la rédemption à venir de son héroïne en perte de repères, The Outrun renvoyant à l’idée de dépassement, d’ouverture des horizons.

Un au-delà nécessaire pour cette jeune femme, Rona, incarnée par l’actrice américano-irlandaise Saoirse Ronan, qui se débat avec son alcoolisme, la bipolarité de son père, les croyances de sa mère, et sa grande solitude. S’appropriant le récit jusqu’à changer le nom du personnage principal pour le faire correspondre à son propre patronyme - à une lettre près - Saoirse Ronan est d’ailleurs l’âme du film. Initiatrice du projet, la subtile comédienne occupe la fonction de productrice, allant jusqu’à caster la réalisatrice Nora Fingscheidt. Un choix artistique et humain, puisque l’actrice a été séduite par l’audace de la cinéaste allemande qui comptait construire le film au gré du vent.

De cet alliage Ronan/Fingscheidt émerge une œuvre instable, dans le bon sens du terme. Une œuvre qui, là encore comme le vent, nous bringuebale dans le temps et dans l’espace, naviguant des boîtes de nuit étouffantes de l’est de Londres aux prairies dénudées et hostiles des Orcades. Notre seul repère temporel réside dans la coloration des cheveux de Rona, oscillant du rose, à l’orange, au bleu, de manière désordonnée. Une structure en déséquilibre qui illustre parfaitement l’état d’esprit de son héroïne, addicte et en quête de réponses.

The Outrun

Lorsque Rona laisse derrière elle l'agitation de Londres et retourne dans la nature époustouflante des îles Orcades, en Écosse, elle se retrouve peu à peu.

À partir de demain
Quentin Moyon