Reflet dans un diamant mot est fort inspiré des Eurospy des années 60. Qu'est-ce qui vous a inspiré dans ces films ?
Hélène Cattet : C'était des sous-James Bond…
Bruno Forzani :… mais plus fun !
Hélène Cattet : Plus fun, mais surtout beaucoup plus « cheap» ! C'étaient des séries B italiennes, espagnoles ou françaises qui montraient une image du monde un peu idyllique, édulcorée, pop, une illusion. Ces faux James Bond étaient souvent tournés sur la Riviera, parce que ça donnait un petit côté clinquant, de la « production value » pour pas grand-chose. La Côte d'Azur, c'est le lieu de l'illusion, du luxe, de la richesse, de l'abondance. C'était important de tourner là-bas, car Reflet d'un diamant mort parle beaucoup de l'illusion d'un monde.
Parmi les plus célèbres films de ce genre, il y a Danger : Diabolik ! de Mario Bava, dont le protagoniste est assez vicieux. John D, votre personnage principal, sort du même moule : il a beau être le héros, il est très loin d'être héroïque. Il est très cruel, presque sadique.
Forzani : Danger : Diabolik !, c'est adapté de la BD Diabolik. Dans la BD italienne, le «fumetti neri», les héros sont souvent des méchants. Ça nous a permis de prendre un contre-pied à tous ces films de héros qu'on voit tous aujourd’hui, avec le bien, le mal. Dans Reflet d'un diamant mort, il n'y a pas vraiment une différence entre le héros et l'antagoniste.
Les performances des acteur·ices ne rentrent pas vraiment dans les codes contemporains. On sent tout de suite que leurs personnages appartiennent à une autre époque. Est-ce que vous avez conseillé à vos interprètes de regarder certains films ?
Forzani : Certains nous ont demandé des suggestions, et on leur a proposé Danger : Diabolik ! et O.K. Connery, qui est un Eurospy avec le frère de Sean Connery, Neil. Mais à chaque fois, on leur disait qu'il ne fallait pas regarder ces films pour avoir du recul. Aujourd'hui, ces films sont plutôt tournés en dérision, et nous on ne voulait pas ça. On leur a dit «Vous jouez les espions, les agents secrets, mais au premier degré».
Comment avez-vous choisi Fabio Testi pour jouer le rôle principal ?
Cattet : En 2010, on a vu Road to Nowhere de Monte Hellman. Ça faisait longtemps qu'on n'avait plus vu Fabio Testi dans un film. Il nous a fait penser à Sean Connery. Et en même temps, comme il était habillé tout en blanc, il nous faisait penser à Dirk Bogarde dans Mort à Venise. On s'est dit que ce serait rigolo de mélanger cet univers à celui d'un James Bond.
Forzani : On a écrit le rôle en pensant à lui.
Cattet : C'était le point de départ de Reflet d'un diamant mort.