Est-ce que tu as pensé le rôle de Yannick pour Romain Duris, qu’on a peu, si ce n’est jamais, l’habitude de voir camper un bad guy ?
'Dès le départ, je voulais quelqu’un de connu pour le rôle de Yannick pour qu’il dégage une aura particulière qui heurte directement l’inconscient des spectateurs. Avoir un ou des acteurs peu connus qui font face à une star comme Romain, ça crée instantanément une dynamique que j’aime bien. Il y avait aussi une volonté de prendre un contre-emploi. Dans tout le film j’assume très fort le fait que c’est un film de genre, un film de cinéma, soit dans la mise en scène, dans la direction artistique, etc. Mais en termes de jeu, je ne voulais jamais être dans les clichés. Je voulais garder un truc très simple et l’idée était de prendre un bon comédien mais qui paraissait moins évident que d’autres dans ce rôle. Je trouve ça plus terrifiant quand la menace vient d’un visage plus familier et sympathique.'
Tu parlais plus tôt d’une extension de ton court-métrage T’es morte Hélène. Ça s’est fait comment ?
'C’est une histoire assez jolie. Avec mon producteur, on s’était lancé le pari un peu fou que si je gagnais à Gérardmer, on essaierait de le faire en long et aux Etats-Unis. On rêvait de tourner aux Etats-Unis parce que je voulais le faire dans les décors qui m’ont inspiré ce court-métrage. Et le lendemain on gagne et dans la foulée, un gars sur Facebook m’écrit pour me féliciter. C’est un français qui habite aux Etats-Unis et qui est spécialisé dans les réalisateurs étrangers qui veulent venir y travailler. Il me demande quels sont mes projets, je lui parle de ma volonté de réaliser une version longue de T’es morte Hélène. Il me dit: “Très bien, qui sont les gens qui t’inspirent?”. Je lui dit que Sam Raimi est le gars qui m’a le plus inspiré pour ce projet-là. Peu de temps après, il m’a obtenu un appel d’une heure avec Sam qui était en train de tourner la suite de Doctor Strange. C’était une rencontre géniale et il m’a dit qu’il était partant pour être producteur sur mon film.'
Le projet est véritablement lancé du coup.
'On est encore au stade de l’écriture. J’ai été fort pris par La Nuit se traîne donc j’ai supervisé ça de loin. Maintenant je suis de retour, je reprends officiellement les rênes du scénario et je sens que la machine s’accélère assez fortement. On espère tourner l’année prochaine mais ça dépendra des avancées sur le scénario ainsi que sur les acteur·rice·s intéressé·es par le projet. On ne va pas se mentir, c’est très stressant comme projet mais c’est surtout très excitant ! Là j’entre dans le moment où je dois prendre de la place et veiller à ce que le projet ne parte pas en couille sans moi.'
Tu sens déjà des pressions très fortes de la part des studios, comme ça a pu être le cas avec d’autres confrères étrangers?
'Je pense qu’ils ont un vrai respect pour les réalisateurs et les auteurs. De toute façon, on verra surtout ça au niveau du montage mais ce dont je me rends compte actuellement c’est qu’il faut prendre de la place et les convaincre en ayant déjà anticipé les solutions à tous les potentiels problèmes qu’ils se posent. Tu dois être constamment dans la proposition. Du moment que tu joues le jeu, tout est possible mais tu n’as pas le temps de douter ou d’hésiter.'
La Nuit se traîne de Michiel Blanchart. Dès maintenant dans les salles Cineville.