On avait beaucoup aimé Petit samedi pour toute l’humanité qui s’en dégageait et on la retrouve ici. Dans Il pleut dans la maison, la cinéaste namuroise retrouve un duo de frère et sœur qu’elle avait déjà mis en scène dans son court-métrage Makenzy en 2016.
Les deux ont bien grandi, c’est un été ensoleillé et comme un crépuscule de fin de vacances, l’enfance semble tout doucement s’achever aussi. On retrouve Purdey, la sœur aînée à un carrefour de choix : elle a l’avenir devant elle et pourtant, il a tout l’air de déjà se rétrécir. Quant à Makenzy, il tangue entre une forme d’innocence et les premières confrontations à une réalité douce-amère, voire violente : le manque, l’injustice sociale. Ce sont aussi les premières fois où éclatent la honte et le cumul des frustrations. La sœur et le frère sont élevés par une mère à l’absence bruyante qui mange presque tout l’espace. Elle apparaît au début, furtivement, peut-être pour que sa disparition nous pèse, à nous aussi. Alors que Makenzy s’attache à une illusion et à l’attente, Purdey sent ses épaules s’alourdir du poids des responsabilités.
Jusqu’ici, la réalisatrice belge a toujours pris le parti d’un cinéma social et pourtant, il est loin d’une crudité misérabiliste et pesante, sa plume et sa caméra sont subtiles. Dans cette fiction qui flirte parfois avec le documentaire (les deux interprètes principaux incarnent plus qu’ils ne jouent leur propre rôle, tout en gardant leurs véritables prénoms), la manière de filmer sobrement les choses leur donne toute leur puissance. Rien de trop, tout en justesse et pourtant la violence est bien présente, distillée dans les dialogues. Les mots qu’on utilise erronément (un père chef de banque et non directeur), la politesse condescendante d’un agent immobilier (“si vous voulez nous avons des biens plus petits, non meublés, qui pourraient peut-être mieux convenir”), et ce petit-ami (Amine Hamidou) déjà si loin qui s’apprête à entrer à l’université. Malgré tout, c’est un film lumineux. Il a la légèreté des vacances, de l’amitié et de la jeunesse, comme une porte qui résiste à l’obscurité.
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