Critiques

Les Reines du drame, l'hymne trash et queer

Kévin Giraud

Et si, en ces froids mois d’hiver, le cinéma pouvait nous réchauffer jusqu’au cœur le temps d’un film? C’est en tout cas de cette énergie, solaire et hautement communicative, qu’est infusé Les Reines du drame, cet objet de cinéma hors-normes signé Alexis Langlois.

Pénétrant semble l’adjectif qui colle le mieux à cette odyssée, sans mauvais jeu de mots. Entre passé, présent et futur, Steevyshady (Bilal Hassani), Youtubeur tantôt terrifiant, tantôt attendrissant, nous raconte l’histoire d’amour torride et tumultueuse de son idole Mimi Madamour (Louiza Aura), star de la pop au coeur des années 2000, et de Billie Kohler (Gio Ventura), icône punk à la carrière en dents de scie. Se jouant des codes télévisuels du tournant du siècle, Alexis Langlois et son équipe recréent des idoles plus vraies que nature, dont les tubes fantastiques, “Pas touche”, “Go musclées” ou l’incroyable “Fistée jusqu’au coeur” – signés de l’auteur-compositeur Pierre Desprats, avec des talents comme Ambriel, Yelle, Rebeka Warrior et Gio Ventura iel-même – vous empoignent pour ne plus jamais vous quitter. Et ce, à coups de ritournelles grivoises et de punchlines d’anthologie, assénées à coups de boutoir sur le patriarcat.

Une résurrection d’étoiles fulgurantes exhumées de décennies passées, façon Lorie ou Britney Spears, pour mieux les soumettre à un système d’une violence inouïe et bien réelle, que le cinéaste n’a de cesse de tourner délicieusement en bourrique dans une critique aussi acide que délectable. Les Reines du drame est fouillis, est explosion, est arc-en-ciel. Avec la fougue et la force d’un cinéma qu’on aime voir et revoir, porté par une génération de talents qui donnent au septième art français des couleurs vives, progressistes et chatoyantes. Une ode à l’unicité, à l’amour, au trash, à la musique et à l'exubérance au-delà des cloisonnements d’identité et de genre, au-delà de toutes limites. Et en tout cas, en ce qui me concerne, il m’a fisté jusqu’au cœur.

Les Reines du Drame

Avec comme références la pop des années 2000-2010, la télé des années 90, le cinéma des années 70 mais aussi celui de Douglas Sirk ou de Billy Wilder, Les Reines du drame est un film camp et queer où brûlent de vrais sentiments.

Kévin Giraud