Critiques

Les Sept samouraïs : les ronins et les 40 voleurs

Jean-François Pluijgers

Réalisé au mitan des années 50, Les Sept samouraïs, d'Akira Kurosawa, devait avoir un impact considérable, passant à la postérité comme le premier film d'action moderne, pas moins. Le réalisateur de Rashomon en situe l'histoire à la fin du 16e siècle, alors que le Japon est en proie à la guerre civile, des bandes de brigands écumant les campagnes. Afin de se protéger d'un pillage annoncé, les habitants d'un village des montagnes décident de faire appel à des samouraïs désargentés. Ayant accepté de se rallier à leur cause, Kambei (Takashi Shimura), un sage ronin, va recruter une poignée de mercenaires parmi lesquels le fantasque Kikuchiyo (Toshiro Mifune), le petit groupe de guerriers errants acceptant de défendre les paysans moyennant le gîte et le couvert. S'ensuit une patiente attente, passée notamment à initier les villageois au combat et à établir une stratégie en prévision de l'assaut des 40 voleurs...

Si l'intrigue, avec ses diverses ramifications, est un modèle du genre, elle ne suffit pas à traduire la richesse du chef-d'oeuvre de Kurosawa qui, quelque 70 ans après sa sortie, n'a rien perdu ni en puissance, ni en beauté. S'attelant à ce qui était, à l'époque, la production la plus imposante jamais réalisée au Japon, le cinéaste livre une vaste fresque réussissant à concilier souffle épique et dimension humaine; scènes éminemment spectaculaires - la bataille finale, se déroulant sous une pluie battante - et moments contemplatifs. Le réalisateur veille également à rythmer l'action - sublimée par le recours à de multiples caméras - de respirations humoristiques, séquences dans lesquelles excelle Mifune, dans l'un de ses rôles emblématiques. Sans surprise, le film, combinant thématiques universelles, narration imparable et sens aiguisé du spectacle a généré une descendance nombreuse, inspirant westerns et films d'action au premier rang desquels Les Sept mercenaires, le remake américain qu'en signa John Sturges en 1960. Il ressort aujourd'hui, aux côtés d'autres classiques d'Akira Kurosawa, dans une impeccable restauration 4K, et c'est peu dire qu'il s'agit d'un must. 207 minutes de bonheur.

Seven Samurai

Le film épique de Kurosawa raconte l'histoire des habitants désespérés d'un village du XVIe siècle qui engagent sept samouraïs pour les protéger des bandits.

Jean-François Pluijgers