Critiques

Put Your Soul on Your Hand and Walk, le sourire de Fatma

Elli Mastorou

Présenté en mai à l’ACID, section parallèle du festival de Cannes, Put your soul and your hand and walk raconte la rencontre entre deux femmes par écrans interposés. La première s’appelle Sepideh, réalisatrice née en Iran et exilée à Paris.(vous avez peut-être vu La Sirène, son film d’animation sorti en 2023). La seconde s’appelle Fatma, photojournaliste palestinienne qui n’a jamais quitté Gaza. Un monde les sépare, mais il y a des points communs entre leurs histoires, dans le rapport aux frontières et à la guerre, et dans leur envie de s’exprimer à travers leur caméra. Leurs existences sont politiques, à leurs corps défendants : Fatma ne peut pas quitter Gaza, et Sepideh a fui le régime iranien et ne peut pas retourner dans son pays.

Pendant un an, elles apprennent à se connaître autant que le permet la connexion internet d’une bande de Gaza assiégée et bombardée. Sepideh filme leurs discussions, tandis que Fatma raconte la vie sous l’occupation, entre les gravats et les snipers sur les toits : « Tu as peur, mais tu mets ton âme dans ta main et tu marches ». Entre les images pixellisées des appels vidéo, les photographies de Fatma remplissent l’écran, respirations nécessaires et précieuses, images sublimes et terribles à la fois. Le 16 avril 2025, au lendemain de l’annonce de la sélection du film à Cannes, Fatma et sa famille sont tuées par une frappe israélienne délibérée. Avec ce décès, l’œuvre prend un tout autre sens, devenant film-document, testament, femmage. Il reste pour toujours le sourire de Fatma sur l’écran, éclatant, insensé, persistant. Dans sa vie comme après, elle est la résilience incarnée. Un film bouleversant de résistance et de lien, de l’Iran à la Palestine, pour tous les êtres humains.

Put Your Soul on Your Hand and Walk

Lorsque Sepideh Farsi se voit refuser l’accès à Gaza, la jeune photojournaliste Fatima Hassouna devient ses yeux et sa voix au cœur d’un territoire dévasté. Pendant plus de 200 jours, elles partagent espoir, peur et images brutes.

Elli Mastorou

Derniers articles